La rue est aussi Ă nous
Tours redonne leur place aux femmes qui font l'histoire
Le vote est clos !
- Merci d'avoir été nombreux à participer en proposant de nombreux noms de femmes à valoriser et en votant pour vos propositions préférées. Au mois de juillet, vous découvrirez les propositions lauréates et la liste des noms qui seront attribués à une rue ou un équipement de la ville.
Elisabeth LE PORT 1919-1943 RĂ©sistante
Une vie Elisabeth est née le 9 avril 1919 à Lorient. Peu après la naissance de leur 1er enfant, Marie-Thérèse et Marcel quittent la Bretagne pour la Touraine. Marcel, en effet, est entré dans la grande famille des cheminots tourangeaux. Marie-Thérèse, quant à elle, a décidé d'exploiter ses talents de couturière en travaillant à domicile. Pendant 6 ans, Elisabeth est une enfant unique et très choyée. Elle qui réclame si fort un petit frère ou une petite sœur voit son vœu enfin exaucé avec la venue au monde de son petit frère Jack, le 9 juin 1925. La famille, certes, ne roule pas sur l'or mais l'amour qui unit ces 4 êtres leur permet de vivre heureux dans l'appartement loué près de l'Ecole Normale de Filles, rue du Nouveau Calvaire, à St Symphorien. Dès son entrée à l'école primaire, Elisabeth montre un goût très vif pour les études et sa soif d'apprendre lui permet de rafler les premiers prix à la grande joie de ses parents. La musique étant l'une de ses passions, ses parents l'inscrivent au conservatoire de Tours où elle cultive son amour du piano.
Très vite, elle manifeste l'envie de devenir « institutrice ». Ses parents, bien sûr, la soutiennent dans son projet et après son brevet supérieur, elle intègre sans difficulté l'Ecole Normale de Filles.Un même nom, porté par 2 personnes différentes, marque ses années d'apprentissage : Mme Gaillard, la directrice de l'Ecole Normale qui avec rigueur mais bienveillance, inculque à ses « filles » l'amour de leur métier, et Mlle Gaillard, l'un de ses professeurs qui, en avance sur son temps, forge l'esprit de ses élèves en leur donnant une conscience réelle de leurs capacités. Nommée à St Christophe sur le Nais, Elisabeth s'intègre tout de suite à l'équipe en place et sait se faire estimer aussi bien de ses élèves que de leurs parents. La guerre arrive et Elisabeth ne reste pas inactive. Elle adhère au parti communiste. Comme elle ne veut pas d'une France soumise, elle entre en résistance en confectionnant avec André Foussier le journal pamphlétaire « La Lanterne » qui est en partie imprimé à l'école sur une ronéo. Dénoncée par une élève à qui elle donne des cours de soutien, elle est arrêtée à l 'école où elle a son logement de fonction dans la matinée du 18 juin 1942. Elle est emprisonnée à Tours avant d'être transférée au fort de Romainville le 7 novembre 1942 puis déportée le 24 janvier 1943 au sinistre camp d'Auschwitz II-Birkenau (matricule 31786). Elle a le triste honneur de faire partie du 1er grand convoi de déportation de femmes résistantes otages : le convoi des « 31000 » * (230 femmes dont 20 tourangelles). A partir du moment où Elisabeth est arrêtée, ses lettres parlent pour elle. Son père, à Tours, va à la prison tous les jours même s'il n'est autorisé officiellement qu'à de rares visites hebdomadaires. Il espère la voir par la fenêtre de la prison. Lorsqu'elle est transférée à Romainville, il s'y rend régulièrement, son statut de cheminot facilitant les déplacements. Quant à Marie Thérèse, sa mère, noyée par le chagrin et trop émotive, elle a toujours refusé de se déplacer car elle craint de « craquer » devant sa fille. En tout cas, elle n'est pas surprise lorsqu'elle reçoit l'avis de décès d'Elisabeth. Peu auparavant, elle a fait des cauchemars lui annonçant la mort prochaine de son enfant et certainement à l'heure où sa fille est morte, alors qu'elle est en train de coudre, elle lâche son ouvrage en criant : « Sabeth est morte ». Télépathie, transmission de pensée ? ? Chacun interprétera ce phénomène comme il l'entend. Elle est officiellement décédée le 14 mars 1943.
- * Ce convoi, connu sous le nom de convoi des 31 000 (correspondant à la série des matricules attribués à l’arrivée à Auschwitz), est particulier : il est constitué de résistantes françaises (parmi lesquelles on note en particulier la présence de Marie-Claude Vaillant-Couturier et de Danielle Casanova), alors que les transports partis de France vers Auschwitz sont composés presque exclusivement de personnes arrêtées en tant que Juives. En juillet 1943, le sort des résistantes françaises est évoqué sur Radio Londres : document n° 3. Défense de la France, n° 39, 30 septembre 1943. Source http://www.memoire-vive.net/FR/ - http://www.memoirevive.org/elisabeth-le-port-31786/
- Voir film "La lanterne" réalisé par Dominique Maugars produit par Sans Canal Fixe
- "Femmes de l'ombre en Touraine" de Sylvie Pouliguen (Editions PBCO)
- "Le convoi du 24 janvier" de Charlotte Delbo (Les Editions de minuit)
- Association Histoire et Patrimoine St Christophe sur Le Nais
Remerciements pour la réalisation du livre "Une institutrice dans la tourmente" par son neveu M. Michel LE PORT à Mme TEXIER (ancienne conseillère municipale) - à Mme Elisabeth et M. Dominique MAUGARS - aux archives départementales d'Indre et Loire et du Loiret
Signaler un contenu inapproprié
Ce contenu est-il inapproprié ?
0 commentaire
Chargement des commentaires ...
Ajoutez votre commentaire
Pour ajouter votre commentaire identifiez-vous avec votre compte ou créez un compte.
Chargement des commentaires ...